Un voyage stéréoscopique
en couleur et en noir et blanc
Conférence présentée par
Jacques Comparat
Ingénieur INPG, guide de haute montagne et ancien directeur de stations de sports d’hiver, expert « avalanches » et président de l’AMITEL
lundi 13 mai 2024
Compte rendu de la Conférence
Dans le prolongement du numéro de novembre de la revue IDHA consacré au développement des sports d’hiver au 20e siècle, Jacques Comparat nous a présenté une conférence atypique autour de la montagne et du ski dans la première moitié du 20e siècle, à partir de matériels et de souvenirs photographiques familiaux, plus précisément de clichés stéréoscopiques pris par son grand-père.
Le matériel pour la neige
Jacques Comparat nous explique en introduction qu’il n’est pas un collectionneur et que le matériel qu’il a apporté dans la salle de conférence rassemble seulement souvenirs familiaux et dons d’amis. Il poursuit par une présentation commentée des différents objets disposés dans la salle :
- Les skis, monoblocs de bois « d’avant la guerre de 1939-1945 et même de celle de 14-18 ». Des fixations de différents types sont présentées : fixations Huitfeldt des années 1900 passant dans une mortaise percée dans le ski, et quelques autres avec différents types de brides, soutien arrière, etc.
- Les bâtons : le bâton unique de bambou des premiers militaires à ski et des paires de bâtons de bambou ou de bois, avec pour certains des nœuds très élaborés pour fixer la dragonne.
- Les chaussures, de cuir bien sûr, à simple et double tige, avec parfois un laçage supplémentaire à l’arrière, fabriquées notamment par le cordonnier de Lans-en-Vercors…
- Les peaux de phoque, les lunettes…
Le matériel stéréophotographique
En 1901, le grand-père du conférencier acquiert un appareil stéréophotographique.
Ces appareils à deux objectifs (dont l’espacement est proche de l’écartement entre deux yeux humains) prennent des paires de clichés qu’il faut ensuite regarder avec des dispositifs permettant à chaque œil de voir la photo qui lui est destinée, et seulement cette photo.
Différents stéréoscopes conçus pour regarder des tirages sur papier ou sur des films transparents sont montrés par le conférencier.
Pour la projection en public, Jacques Comparat a choisi la méthode anaglyphe, adaptée aux images en noir et blanc.
Cette technique consiste à préparer une image en « fausses couleurs » en superposant l’image de gauche colorée en rouge et l’image de droite colorée en bleu (cyan, couleur complémentaire du rouge) sur une image en couleurs. L’observation se fait avec des lunettes colorées (filtres) en rouge à gauche et en bleu à droite : chaque œil ne reçoit ainsi que l’image qui lui est destinée. Le cerveau fait le reste pour reconstituer le relief (et la couleur « moyenne » grise).
La superposition des images suppose un bon équilibrage des intensités et un positionnement mutuel bien choisi des deux images.
Pour les images présentées, le conférencier a donc dû numériser patiemment et avec soin toutes les paires d’images, puis les combiner numériquement.
Les images et diaporamas
Les images et diaporamas présentés sont issues de 650 plaques de verre prises entre 1910 et 1926 (les plaques de verre assurent une conservation quasi parfaite des images même 100 ans après) et de photos prises avec un appareil Homéos, qui utilise des films standards 35mm, à partir de 1926. Le grand-père du conférencier avait notamment préparé pour les membres de sa familles 825 bobines de 35 mm contenant chacune100 paires de photos, avec des commentaires sous forme d’« intertitres » écrits à l’encre de chine.
Jacques Comparat en a fait une sélection avant de réaliser le travail de reproduction/numérisation.
Jacques Comparat en a fait une sélection et réalisé un énorme travail de reproduction/numérisation et de préparation des images « superposées ».
Au cours de cette conférence, il a notamment présenté des clichés stéréographiques issus de plaques de verre des années 1901-1925 et deux diaporamas en relief fascinants : l’un sur Chamrousse de 1929 à 1960, l’autre sur une ascension du Cervin réalisée le 11 aout 1935.
Compte rendu rédigé par Jean-Marc Chaix