Nous étions 13 Aphidiens pour la visite de la centrale nucléaire de Saint-Alban/Saint Maurice l’Exil du 23/05/2024. Cette visite très intéressante nous a permis de (re) découvrir un monde obscur pour certains, ce qui a dû gommer une certaine réticence sur le sujet du nucléaire.
Dans un premier temps, Véronique nous a fait un exposé global sur le nucléaire avec de nombreuses explications sur ce sujet marquant … et actuel. Ensuite Elisabeth Fatinet nous a conduit sur le terrain et dans les ouvrages ouverts au public, après s’être équipé de chaussures de sécurité, casques et lunettes.
Comme tout site sécurisé, les inscrits ont d’abord eu une enquête en amont ; ensuite nous avons dû passer toutes les barrières de sécurité avant d’accéder aux bâtiments proprement dit.
LE NUCLEAIRE UN GRAND SUJET
- L’aventure scientifique de l’atome de 1895 à 1945 avec Wilhelm Röntgen, Pierre et Marie Curie, Henri Becquerel.
- Positionnement de la France après un rejet de celle-ci par les Etats-Unis et le Royaume-Uni lors des accords de Québec en 1943 ; Le Général De Gaulle décide donc de lancer son propre programme nucléaire militaire de 1945 à 1958 avec la création du CEA le 18 octobre 1945.
- Le programme d’essais nucléaires de 1959 à 1996
- le développement de la force de dissuasion en 1960
Grâce au savoir-faire accumulé durant ces années, Georges Pompidou et Pierre Messmer lancent en 1974 le premier grand plan nucléaire civil français.
- En octobre 1973 a lieu la guerre du Kippour qui entraîne le premier choc pétrolier : l’OPEP décide d’augmenter de 70% le prix du baril puis de réduire sa production de pétrole de 5% chaque mois, ce qui a pour effet de faire encore augmenter ce prix. Le baril se stabilise à un prix de 12 $ de l’époque, soit près de quatre fois son niveau antérieur à la crise.
- Le premier choc pétrolier accélère sensiblement le programme électronucléaire français. En mars 1974, Georges Pompidou décide d’accélérer ce développement alors que les centrales thermiques à combustibles fossiles fournissent à l’époque près de 65% de l’électricité française. Le choix de l’énergie nucléaire est donc une question économique et d’indépendance énergétique.
- Un programme de construction de très grande ampleur est lancé : 54 réacteurs, d’une puissance cumulée de plus de 55 000 MW (55 GW), sont construits dans les années 1970 et 1980, leur coût de construction total atteignant l’équivalent de plus de 65 milliards d’euros actuels.
- L’usine d’enrichissement d’uranium de Pierrelatte est construite afin de garantir la maîtrise du cycle du combustible.
Les réacteurs à eau pressurisée dits de « 2e génération » constituent le parc nucléaire actuellement en fonctionnement en France. Le réacteur de Civaux 2, raccordé au réseau électrique en juin 1999, est le dernier réacteur nucléaire à avoir été mis en service depuis l’EPR de Flamanville, 25 ans plus tard. La construction de l’EPR de Flamanville, dit de 3eme génération, a démarré mi-2007, la date de mise en exploitation étant initialement prévue en 2012. Celle-ci est reportée à plusieurs reprises, et est maintenant actée pour 2024.
Déclin et retour en grâce du nucléaire
Suite aux incidents (et non accidents nucléaires) de Tchernobyl, où le pilote de la centrale Russe a poussé le risque en supprimant une vingtaine de sécurités …pour voir !!, et celui de Fukushima dû à une catastrophe naturelle, un tsunami, beaucoup de pays ont souhaité se diriger vers l’amoindrissement du nucléaire ; les années ont passé et le savoir faire s’est perdu, d’où les difficultés rencontrées sur l’EPR de Flamanville.
La présidence française 2012/2017 a, comme la société civile, souhaité réduire le parc nucléaire français. En raison, les doutes sur la sécurité et la hausse des coûts, mais surtout les idéaux politiques. Mais à l’aune de la crise des prix de l’énergie à cause de la guerre en Ukraine, le gouvernement a changé de braquet.
Avec la taxonomie de la finance durable, Bruxelles veut rendre les investissements dits verts plus visibles pour les investisseurs et espère ainsi contribuer à orienter les capitaux privés vers des activités qui soutiennent les objectifs climatiques de l’UE. L’Allemagne, entre autres, s’y oppose fermement, car cela irait à l’encontre de ses intérêts économiques, ayant pris le parti politique d’un 100% d’énergie durable…mais intermittente et très chère pour le pays. Après de nombreuses discussions, l’Union européenne reconnaît, enfin, le rôle du nucléaire pour décarboner le mix énergétique des nations européennes.
QUELQUES ORDRES DE GRANDEUR ET INFORMATIONS
Le classement de la production de CO2 par KWh électrique
- Super vainqueur : le lignite (Allemagne) avec 1500 gr/KWh
- Bon vainqueur : le charbon avec 1000 gr/KWH
- Médaille d’argent : le fuel (pétrole) avec 600 gr/KWh
- Médaille de bronze : le gaz avec 450 gr/KWh
- Photovoltaïque France : avec 60 gr/KWh
- Eolien France : avec 15 gr/KWh
- Nucléaire France : avec 4 gr/KWh
- Hydraulique : avec 0 gr/KWh
Puissance installée en 2023 en France : 142 GW
- Nucléaire : 61.4 GW 43%
- Hydraulique : 25 GW 17.5%
- Eolien : 21 GW 14.7%
- Gaz : 12.6 GW 9%
- Photovoltaique : 15.5 GW 11%
- Fioul : 2.7 GW 1.9%
- Bioénergie : 2.2 GW 1.5%
- Charbon : 1.8 GW 1.3%
Classement
La France est le 2eme pays au monde producteur d’électricité d’origine nucléaire.
- Etats-Unis = 841.3 TWh
- France = 412.9 TWh
- Chine = 295 TWh
Les déchets
Il existe 6 catégories de déchets radioactifs :
- Vie très courte : VTC
- Très faible activité : TFA
- Faible et moyenne activité à vie courte : FMA-VC
- Faible activité à vie longue : MA-VL
- Moyenne activité à vie longue : MA-VL
- Haute activité : HA àPour mémoire les déchets HA (les plus problématiques) représentent à ce jour en volume 4 piscines olympiques, quantité accumulée depuis 50 ans , ce qui peut être considéré comme assez restreint.
L’ANDRA, l’Agence Nationale des Déchets RadioActifs, est l’établissement public à caractère industriel et commercial chargé de la gestion des déchets radioactifs en France.
La sureté nucléaire est l’ensemble des dispositions techniques, humaines et organisationnelles mises en œuvre à toutes les étapes de la vie d’une centrale nucléaire pour protéger, en toutes circonstances, la population et l’environnement contre une éventuelle dispersion de produits radioactifs. Ces dispositions sont prises en compte dès la conception de l(installation ; intégrées lors de sa construction, renforcées et toujours améliorées pendant son exploitation. En pratiquant de nombreux contrôles internes et externes, l’Inspection de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) et en menant des campagnes de prévention et de communication
LE SITE NUCLEAIRE DE SAINT-ALBAN SAINT-MAURICe
Le site a une superficie de 185 hectares et comprend 2 tranches de 1300 MW chacune ; le site intègre également 14 000 panneaux photovoltaïques
Historique
Principe de fonctionnement
Compte rendu rédigé par Francis Fournier