Nous étions 20 Aphidiens pour la visite du 19/11/2024 de l’entreprise PATURLE ACIERS, 34 rue du Commandant l’Herminier 38380 St Laurent du Pont.
Une première partie s’est passée en salle de réunion durant laquelle Clarisse BASSO nous déroulé un PowerPoint très intéressant sur la vie de cette société. Dans un deuxième temps Eric DEBERNARDI et Franck MESSIER ont emmené un premier groupe pour visiter les ateliers avec les différentes lignes de production ; ensuite, Jean-Michel ARNOLDI et Evelyne MOULIN ont emmené le deuxième groupe.
UN PEU D’HISTOIRE…
Paul PATURLE
Négociant (1900) puis fondateur des Usines Métallurgiques de Fourvoirie en Chartreuse, Paul PATURLE est né le 12 novembre 1847 à Lyon et décédé le 16 juillet 1925 à Grenoble, à l’âge de 77 ans.
Son arrière-petit-fils Jean-Marc Paturle a publié sa biographie en 2005 (Paul PATURLE, industriel en Chartreuse, 1888-1925), que l’éditeur résume par ces quelques phrases :
Il existe maintes définitions de l’aventure. Parmi cette multitude, l’aventure industrielle fait office de parent pauvre. Cependant, quand on découvre, sous la plume de Jean-Marc Paturle, l’incroyable histoire d’un arrière-grand-père, Paul Paturle, on est saisi d’un vertige salutaire. Paul Paturle s’est installé au cœur du massif de la Chartreuse en 1888 pour reprendre la fabrique de limes des pères chartreux. Puis, à l’époque de la voiture à cheval, de la machine à vapeur et du télégraphe, il mènera une révolution industrielle qui le verra produire les baleines (busc) et armatures de quelque 20 millions de corsets par an. On est sidéré par l’intelligence, l’instinct d’un homme qui fait vivre un pays apparemment sourd aux sirènes de l’industrie. Si l’arrière-petit-fils, industriel heureux, qui mène la réussite de l’entreprise Paturle jusqu’en 2002, accomplit ce beau devoir de mémoire envers son aïeul et tous les acteurs de l’aventure, du plus humble des ouvriers au plus savant des ingénieurs, c’est peut-être parce qu’il nous livre sinon une leçon, au moins un vrai message. Ce message consiste à croire en des terres, un patrimoine, une certaine éthique familiale et sociale. La très riche iconographie apporte plus qu’une simple illustration, elle signe ce caractère artistique qui fait qu’un visage, un atelier, des objets manufacturés, un site industriel entre avec force dans la compréhension de toute notre Histoire. Depuis l’usine de la Fourvoirie au sein des gorges sévères et belles de Chartreuse, on découvre le roman vrai de la foi industrielle. Une aventure moderne.
Fondateur des Etablissements Paturle à Saint-Laurent du Pont, Paul Paturle avait commencé sa carrière dans l’industrie chimique à Pierre-Bénite, puis en reprenant l’usine de métallurgie de son beau-père Nicolet à Grenoble. Mais en 1886, les Chartreux, qui avaient récupéré leur droit de maîtres de forges confisqué à la Révolution, lui demandent de les aider à reprendre une limerie qu’ils avaient récupéré en même temps à Fourvoirie, à proximité de Saint-Laurent-du-Pont. Il mène ses deux entreprises comme il peut, rapidement aidé par ses deux fils aînés Camille et Louis, ajoutant à la limerie une activité de laminage à froid. Après 1905, les Chartreux sont de nouveau spoliés de leur bien qui est mis en adjudication. Avec leur accord, Paul Paturle la rachète. (Note d’après l’ouvrage de Jean-Camille Paturle, Les Paturle orfèvres et bourgeois de Lyon,1953)
La saga des Paturle
Sous le titre « La saga des Paturle – La singulière aventure industrielle d’une grande famille dauphinoise », le journal Le Monde décrivait ainsi son histoire en 1987 :
Derrière la très discrète société des Etablissements Paturle, établie à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), se profilent soixante actionnaires, tous membres de la même famille. L’origine de ce tour de force économique remonte à 1888, date à laquelle Paul Paturle racheta aux Pères chartreux une activité de forge développée dans la région. Même si la saga des Paturle prend naissance bien avant cette période (orfèvres à Lyon depuis 1590, ils ont doté le pays de plusieurs députés et même d’un pair de France en 1858), c’est surtout à partir de son enracinement dauphinois qu’elle revêt une forte identité industrielle. Le renom de la famille reste indissolublement lié à l’activité métallurgique d’origine, quoique la société Paturle Aciers ait aujourd’hui cédé du terrain à d’autres spécialités au sein d’une société holding — Etablissements Paturle — qui assure la diversification du groupe. « Paturle Aciers est la seule société de ce secteur frappé de plein fouet par la crise à avoir toujours gagné de l’argent », se félicite son PDG, M. Claude Guitton, membre du clan par alliance. En 1986, elle a dégagé un résultat net de 37 millions de francs, pour un chiffre d’affaires de 122 millions de francs. Aucune potion-miracle ne vient cependant soutenir cette surprenante santé. Inspirés par un mélange inédit d’initiative et de prudence dauphinoise, les Paturle se gardent avant tout des « coups » sans lendemain. Déjà, le fondateur avait pris soin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. « Nous avons amorcé dès le départ un effort de diversification sur la base du laminage à froid », souligne M. Emmanuel Paturle, qui, à quarante-neuf ans, succède à son oncle, M. René Paturle, comme PDG des Etablissements Paturle, consacrant l’arrivée de la quatrième génération à la tête du groupe. « Nos feuillards d’acier, à haute valeur ajoutée intéressent une myriade de secteurs industriels, allant de l’automobile au bâtiment, en passant par l’industrie électronique. A cela s’ajoutent des fabrications propres représentant 10 % du chiffre d’affaires de Paturle Aciers, limes pour ampoules pharmaceutiques et produits dérivés d’une activité de baleinage métallique que nous avons développées dès le début du siècle « , souligne « M. Emmanuel », encore salué ainsi dans les ateliers par une jeune technicienne en jeans et baskets.
Historique de l’entreprise
1988 – Paul PATURLE reprend l’activité de forge des Pères Chartreux, développant la fabrication de limes et de râpes sous la marque déposée « le sapin de Fourvoirie ». Quelques années plus tard, il se lance dans la fabrication de baleines pour corsets (BUSC) à Saint-Laurent-du-Pont ou est actuellement implanté lntermarché.
- 1907 – Début du laminage à froid d’acier
- 1952 – Le site actuel de fabrication est construit
- 1999 – PATURLE ACIERS entre dans le Groupe THEIS
- 2014 – PATURLE ACIERS sort du Groupe THEISet devient filiale de PATURLE HOLDING
- 2018 – PATURLE ACIERS sort de PATURLE HOLDING et entre dans le groupe MENDRITZKI
Aujourd’hui
Paturle Aciers (SA) est aujourd’hui une entreprise engagée dans la production de produits sidérurgiques transformés.
- 135 ans d’expérience
- 170 salariés
- 35 M€ de CA, 80% de ventes à l’export
- PATURLE Aciers est certifiée ISO 9001 Qualité – ISO 45001 Santé/Sécurité – ISO 14001 Environnement. La certification Energie et RSE est en cours.
Le métier
- Laminage à froid à partir de colis laminés à chaud, épaisseur entre 1.8 et 6 mm ; largeur jusqu’à 1.5 m avec un poids jusqu’à 15 To. 3 Laminoirs
- 6 Fours de recuit pour un chauffage à 700°C suivie d’un refroidissement contrôlé, permettant à l’acier d’être à nouveau déformable à froid
- Lignes de trempe permettant d’ajuster la dureté et d’obtenir des aciers à haute caractéristiques mécaniques
- 3 Lignes de revêtement pour un dépôt régulier sur une ou deux faces
- 6 Cisailles permettant les découpages dans les largeurs souhaitées par les clients
Les marchés
Monsieur Paul PATURLE devait faire certainement partie des Hommes qui disaient :
Si tu t’efforces d’être toujours normal, tu ne sauras jamais à quel point tu peux être exceptionnel…
Compte rendu rédigé par Francis Fournier