Association pour le Patrimoine et l'Histoire de l'Industrie en Dauphiné

L’histoire de la Société Allimand

Franck Rettmeyer, ancien PDG de la société Allimand

 

Compte rendu de la Conférence

rédigé par Anne Laffont

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En introduction à cette conférence une vidéo réalisée pour les 175 ans de l’entreprise est projetée.

L’histoire de l’entreprise

Antoine et Etienne Allimand créent à Rives en 1850 les ateliers Allimand qui évolueront de l’entretien de machines vers la création et la fabrication de machines destinées à l’industrie du papier, avec les frères Fortuné et Camille Allimand. Au décès de son frère, Camille reprend l’entreprise. Willy Rettmeyer, qui a contribué à développer l’entreprise grâce à ses liens avec l’industrie papetière, reprend l’entreprise en 1946 et détient 60% du capital. Christian Rettmeyer (ses parents l’ont convaincu de rentrer dans l’entreprise ce qu’il ne souhaitait pas) prend sa succession en 1965 et choisit de travailler sur l’export (Asie, URSS). Franck Rettmeyer, Président directeur général d’Allimand depuis 1997, prend sa retraite en 2023 et la société est reprise par le fonds Arcole. Allimand travaille en partenariat avec des instituts de recherche grenoblois sur le papier comme Pagora (Grenoble INP), école internationale d’ingénieurs en sciences du papier, le Centre technique du papier. Allimand vient de fêter ses 175 ans.

 

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Christian Rettmeyer a été maire de Rives durant 2 mandats. Il a œuvré dans l’industriel et le social.

Durant sa direction de l’entreprise il y a eu une révolution technologique développée aux USA, en Finlande, en Allemagne. Un simple accord de technologie en 1976 avec la société finlandaise Valmet n’a pas été suffisant, et le succès est là quand Valmet devient actionnaire en 1979.

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L’industrie du papier

L’industrie du papier a évolué ces vingt dernières années. La production en France est passée de 10,2 millions de tonnes en 2004 à 6,5 million de tonnes en 2024. La part des papiers et cartons d’emballage est passée de 44% à 70%, celle des produits d’hygiène est également en nette augmentation, ceci étant dû au papier écriture dont la production a drastiquement réduit.

Le modèle d’économie est circulaire, un cercle vertueux depuis la forêt que l’on entretient jusqu’aux produits finaux qui sont triés et recyclés.

Les machines d’Allimand

Une machine à papier c’est de 15 000 à 30 000 heures de bureau d’études, 30 000 à 60 000 heures d’atelier, de 10 à 14 mois de fabrication du matériel qui représente de 1500 à 2500 tonnes. Il faut 2 à 3 ans avant de voir la première production.

 165 machines complètes ont été vendues dans le monde. Chaque type de papier nécessite une machine différente. Celle pour le carton d’emballage mesure plus de 150m de long, celle pour le papier à cigarette n’est pas très longue mais le procédé est plus complexe et plus rémunérateur.

Les différents papiers

  • Le non tissé et composite : filtration, médical, alimentaire, construction, énergie, hygiène…
  • Les papiers de spécialité : technique (ex le papier thermique), sécurité (billet de banque, papier tabac…
  • Les cartons d’emballage
  • Les papiers graphiques :magazines, journaux, catalogue, cahier, bloc d’esquisse…

Les étapes du procédé dans une machine à papier (un métier d’ingénieur)

  • Préparation de la pâte : Les balles de pâte (matière première) sont désintégrées dans de l’eau, la pâte est raffinée, mélangée (selon la composition nécessaire), diluée
  • La pâte est répartie pour former la feuille
  • L’eau est retirée par égouttage, pressage, séchage
  • La feuille est mise en forme

Conclusion

Il y a en face d’Allimand de grands groupes à quelques milliards de chiffre d’affaire, mais ses clients sont plutôt fidèles, avec des contrats de reconstruction, la durée de vie d’une machine étant longue (certaines machines ont plus de 100 ans). Lors de l’appel d’offre, des essais sont possibles sur la ligne pilote : le client peut alors vérifier le résultat obtenu.

 Même petit par rapport à ses concurrents, Allimand est un acteur incontournable de la profession.

 

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Questions/Réponses/Discussion

  • La mise en route sur place d’une machine à papier prend de 6 à 18 mois avec une équipe de 50 à 60 personnes. L’objectif étant le paiement des 10% restants.
  • Comment expliquer la désindustrialisation de la fabrication du papier ? Par l’incompréhension des banquiers, ce n’est plus une industrie prioritaire pour eux. Ce sera bientôt au tour du secteur automobile.
  • Un musée du papier à Rives ? Une association sera montée en septembre. Chantal Spillemaecker fait partie du projet. Il manque un mécène. Toute la papeterie française est dans les mains de fonds d’investissement.
  • Transport en container, est-ce une contrainte pour le dimensionnement des pièces ? Non, ce n’était pas un réel problème. Le matériel est placé dans des caisses en bois.
  • Sur le site de Rives il y a des démonstrateurs en fonctionnement pour donner confiance aux clients
  • Franck Rettmeyer adorait la mécanique
      • ce qui l’a captivé : le process
      • le côté passionnant : l’exportation (il fallait comprendre le client) avec beaucoup de temps passé dans les avions ! Sur 10 devis de machines à papier, 1 sortait. USA, Australie achètent une machine par an.
  • Témoignage de Luc Vialles, ingénieur papetier : c’est toujours une grande fierté de voir le papier tomber in fine.
  • En 2023 le centre R&D d’Arjowiggins situé à Voiron a été racheté par le groupe papetier italien Fedrigoni
  • Camille Allimand avait acheté tout le plateau à Rives, il n’y a donc eu aucun problème pour s’étendre.
  • Le personnel : son père, Christian Rettmeyer, avait dû attirer le personnel (opérateur sur machine-outil, ingénieur process…). Aujourd’hui on ne trouve plus un opérateur, en revanche il y a de bonnes écoles d’ingénieur.

Pour en savoir plus

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