Nous étions 12 Aphidiens pour la visite de l’Eau à Lyon/Pompe Cornouailles du 06/03/2024.
Cette visite très complète a été richement commentée par Claude Frangin, Président de l’association « L’Eau à Lyon et la Pompe de Cornouailles », homme passionné et intarissable sur ce sujet.
Historique
Le 16 septembre 1853, le traité signé entre la ville de Lyon et la Compagnie Générale des Eaux délimite le périmètre de la concession, prévoit entre autres, la fourniture de 20 000 m3 d’eau potable par jour et instaure un périmètre de protection des captages situés rive droite du Rhône sur la plaine des petits-Brotteaux. En décembre, un décret impérial autorise la création de la Compagnie Générale des eaux dont le siège social est fixé à Paris. L’approbation du traité de concession par la commission municipale met un terme à des décennies de discussions sur l’alimentation en eau de la seconde ville de France. L’ingénieur Aristide Dumont prévoit une galerie filtrante à proximité du Rhône, aux petits-Brotteaux, et installe 3 pompes à vapeur dites de Cornouailles car utilisées à l’époque dans les mines d’étain du comté anglais du même nom. En 1856, trois machines, dites de Cornouailles, entrent en service. La première est affectée au bas service, une autre approvisionne le haut service, la troisième peut refouler à volonté sur l’un ou l’autre service. L’eau provient d’une galerie filtrante qui alimente trois bassins où plongent les tuyauteries d’aspiration des pompes.
La fondation des travaux de l’usine principale contenant la pompe de Cornouailles, s’effectue en juin 1854. La construction démarre en septembre 1856 par monsieur Villate et son neveu, entrepreneurs, selon le projet d’Aristide Dumont. En 1888, c’est le rachat de la concession à la Cie générale des eaux par la ville de Lyon. L’usine des eaux de Saint-Clair fonctionne jusqu’en 1910 (rive droite du Rhône), elle sera relayée par l’usine du Grand Camp à Villeurbanne (le transbordeur) en face (rive gauche).
Usine des Eaux de Saint-Clair et pompe Cornouailles en 1888
Usine des eaux de Saint-Clair et pompe de Cornouailles actuellement musée
Les bassins filtrants fonctionnent jusqu’en 1976. Le service des eaux sera privatisé en 1986, le bâtiment restant propriété de la ville de Lyon est transformé en musée où l’on peut voir la dernière pompe de Cornouaille conservée sur le site, d’une hauteur de 20 m avec un balancier de 36 tonnes. Aux machines à vapeur animant des pompes à pistons ont succédé les pompes centrifuges à moteur électrique. Aux puits des anciennes usines de Saint-Clair, de Vassieux, du Grand Camp, de Bois-Perret, trop proche du Rhône et cerné par l’agglomération, a succédé l’immense captage de Crépieux-Charmy mieux alimenté et mieux protégé. De part et d’autre de ce captage, deux usines modernes, l’usine de Crépieux et l’usine de Croix-Luizet mises en service respectivement en 1971 et 1976, assurent le refoulement de l’eau dans les réseaux de première élévation de l’agglomération première étape du parcours de l’eau potable qui sera ensuite pompée à nouveau une, deux ou trois fois selon les nécessités du relief pour être distribuée sur tout le territoire de la COURLY.
La pompe de Cornouailles de Lyon représente l’aboutissement ultime d’une technologie et l’une des plus monumentales jamais construite pour l’alimentation en eau d’une ville.
Cette pompe se trouve à Caluire-et-Cuire, quartier de Saint-Clair, et constitue, avec les 3.800 m2 de bassins souterrains et ses bâtiments d’époque très bien conservés, avec des fermes Polonceau, un ensemble remarquable de notre patrimoine industriel.
La machine de Lyon reprend 95% du prototype de Watt, complété par son fameux parallélogramme (encore utilisé sur les voitures de courses pour maintenir les roues perpendiculaires à la route). C’est une machine «à piston libre», sans volant. Elle doit son qualificatif «de Cornouailles» aux perfectionnements apportés vers 1820 par l’ingénieur Trevithick.
Aphidiens très attentifs dans la grande salle de la pompe Cornouailles
La salle rassemblant les pièces détachées d’époque
Compte rendu rédigé par Francis Fournier